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Duralim, plateforme collaborative pour accroître la durabilité de l’alimentation animale, est lancée

08/06/2016
Marianne Roumégoux
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Le Snia et Coop de France Nutrition animale (CdF NA) ont officiellement lancé Duralim, plateforme pour une alimentation durable des animaux d’élevage, le 7 juin au Cese. Ouvert à tous, cet outil de progrès continu s’accompagne d’une charte,  « texte fondateur », qui a été co-construite par l’ensemble de la filière. Les tours de tables pour sa conception ont en effet rassemblé les fournisseurs de matières premières (responsables de 89% du bilan carbone de la nutrition animale), les fabricants d’aliments du bétail, les éleveurs, les industries de transformation des viandes mais aussi les distributeurs et restaurateurs ou encore des ONG. Cette diversité de points de vue a incité à « l’écoute et la compréhension des autres pour parvenir à un compromis », a expliqué Jean-Luc Cade président de CdF NA.

“L’adhésion des deux-tiers des fabricants d’aliments espérée sous trois ans”

L’ambition de cette plateforme est à la fois d’améliorer la durabilité de l’alimentation des animaux, de constituer un centre de données mais aussi de mettre en avant les efforts engagés. Ce souhait de visibilité auprès du grand public a débuté par l’appui du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, présent pour ce lancement. Il a salué cette démarche tout en aspirant à ce qu’elle serve de base à la valorisation de la viande origine France. L’enjeu étant de permettre au consommateur de raisonner ses achats et choisir en toute connaissance de cause, a-t-il défendu en substance.

Une démarche de progrès

« Nous ne voulions surtout pas faire du green washing en mettant juste en avant ce que l’on fait de bien, souligne Jean-Luc Cade. Il nous fallait des critères pour mesurer les progrès », et aller au-delà des engagements en apportant des preuves. 5 axes de valorisation et 4 de progrès, reprenant les 3 piliers du développement durable, ont dès lors été listés. Origination française des matières premières, lutte contre le gaspillage, produits Made in France,… pour les premiers. Connaissance des conditions de production dans les pays fournisseurs, favoriser les protéines végétales produites dans l’Hexagone, recours à l’agriculture de précision… pour les seconds. Les signataires, qui peuvent être une entreprise comme une association professionnelle, s’engagent à mettre en place des actions sur au moins 2 axes de valorisation et 2 d’amélioration. Au bout de 3 ans, les avancées seront mesurées par un tiers. L’adhésion à la plateforme est payante, de 500 euros pour une structure professionnelle à 15 pour un éleveur. « Cela conduit les signataires à réfléchir à leur engagement », argumente Kristell Guizouarn du groupe Avril, fournisseur de tourteaux de colza et fabricant d’aliments sous la casquette Sanders. Pour les producteurs de céréales l’accent sera mis sur l’innovation pour une agriculture de précision et l’essor du biocontrôle, détaille Philippe Pinta, président de l’AGPB. Et de souligner qu’ils apportent aussi leur pierre à l’édifice en essayant de faire remonter la teneur en protéines des blés pour modérer la dépendance de la France aux importations de soja. 

Fédérer un maximum d’opérateurs

« Nous ne cherchons pas à développer une niche mais une offre de masse », a défendu Séverine Fontaine du groupe Carrefour. «  Nous souhaitions nous inscrire dans une démarche dynamique et offensive », confirme de son côté Jean-Luc Cade. 25 structures font déjà partie de l’aventure. Du côté de la nutrition animale, « on table sur 25 % des fabricants signataires d’ici la fin 2016 et les deux-tiers d’ici trois ans, ce qui représentera 85% des tonnages français », confie Alain Guillaume, représentant le Snia. Et Jean-Luc Cade d’appuyer : « Les attentes sociétales évoluent, nous devons faire progresser nos standards » tout en « gardant une vision économiquement pertinente», tempère-t-il. D’où la nécessité d’une approche progressive. « Nous devons valoriser les démarches d’amont dans l’acte d’achat quotidien. Nous souhaitons faire mieux pour que le consommateur privilégie nos produits. C’est le marché qui arbitrera jusqu’où l’on peut aller et à quelle vitesse ».

 

 

Un projet mûri collectivement

« Nous souhaitions faire en sorte que le durable fasse partie des gènes de notre métier et que tout le monde s’en empare », résume Alain Guillaume du Snia. Une première mission sur la question a ainsi été mise en place en 2008, mais face à « la montée de la sensibilité sociétale à l’environnement, en 2012/2013, nous avons décidé de passer à l’action » et sortir de la posture défensive souvent de mise en France, complète Jean-Luc Cade de CdF NA. Associer l’ensemble des parties prenantes a permis de chercher des consensus « moteurs de la démarche ». WWF a par exemple pris part aux réflexions de cette initiative « novatrice associant la société civile et le monde agricole au sens large», témoigne Arnaud Gauffier. Et Jean-Luc Cade d’imager : « Ils nous servent d’aiguillon pour nous faire avancer ».

+d’infos: www.duralim.org

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