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La récolte de blé atypique engendre des surcoûts pour les meuniers

13/09/2016
Marianne Roumégoux
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Si la récolte de blé 2016 s’avère “catastrophique pour le monde agricole” avec des volumes en forte baisse, “sur le plan qualitatif, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter”, a lancé Lionel Deloingce, président de l’Association nationale de la Meunerie française, lors d’un point presse le 12 septembre. “Les résultats sont loin des attendus de la profession, et toute la filière va en être impactée de façon inédite”, a-t-il alerté. Entre logistique et gestion de la moindre qualité, le surcoût pour les meuniers devrait s’établir entre 20 et 30€/t de blé. 

De nombreuses sources de coûts supplémentaires 

Certains meuniers, du Nord-Est notamment, devront aller chercher leurs blés hors de leur hinterland naturel, notamment sur la façade Ouest plus épargnée cette année. De quoi alourdir la facture logistique des transformateurs. 

Les meuniers devront aussi se montrer “très vigilants au niveau de la sélection des lots” et vont devoir multiplier les analyses. Et ce, “tout au long de la campagne”. Si les OS ont dégrossi le travail de segmentation, ils ont surtout séparé les blés à moins, et plus, de 72kg/hl. Les meuniers vont donc devoir affiner le travail pour ne garder que les lots de PS supérieur ou égal à 74kg/hl. Il s’agit en effet du seuil limite pour produire de la farine. Or seuls 45% des blés collectés dépassent ce niveau cette année. 

Un rendement meunier inférieur à 75%

Le rendement meunier ne devrait, quoi qu’il en soit, pas dépasser les 74-75 %. Et ce alors même que le contexte baissier observé sur le marché fourrager à l’international pèse sur les cours des issues. L’attention devra aussi être renforcée au niveau du tri avec “6 à 8% des grains non valorisables, y compris en nutrition animale”, pour des questions sanitaires.

Si les blés affichent des niveaux de protéines relativement élevés, parfois jusqu’à 15%, la fraction s’avère pauvre en gluténines, a indiqué Lionel Deloincge. Le comportement en panification est ainsi marqué par une tendance au relâchement, confirme-t-il. Analyses et corrections des farines, pour maintenir la qualité de l’offre à un niveau constant vont également être synonymes de surcoûts. 

2016 réservait donc une récolte “atypique dont on a pas encore défini l’ensemble des contours” et qui va affecter les trésoreries des transformateurs. L’importance des volumes de blé à l’échelle planétaire pèse certes sur les prix, comme l’a souligné Bernard Valluis, président délégué. Mais ce n’est pas pour autant que les meuniers dépenseront moins pour leurs approvisionnements. Les professionnels redoutent dès lors un alignement sur les prix de marché sans tenir compte des surcoûts que doivent assumer les transformateurs.

“Cette problématique conjoncturelle intervient alors même que la meunerie a besoin de recouvrer la création de richesse”, regrette Lionel Deloingce. Une condition portant indispensable, selon le représentant de l’ANMF, pour continuer d’innover et attirer les jeunes générations vers ce métier. 

 

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