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Décryptage du marché céréalier brésilien

Mis à jour le 02/09/2014
01/09/2014
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Brésil, géant de l’export, grâce à la modernisation
Climats variés, vaste superficie, eau douce disponible en grande quantité… le Brésil a su tirer partie de ses atouts pour booster sa puissance agricole. Ces avantages incontestables, combinés à des efforts colossaux de modernisation ces dernières années ont permis à l’agriculture brésilienne d’améliorer ses performances et de peser très lourd sur le marché international.

Le Brésil est aujourd’hui un puissant exportateur. En effet, la balance commerciale agro-alimentaire affichait en 2011 un solde positif de 48,8 milliards d’€ (57 milliards d’€ d’exports contre 8,3 milliards d’€ d’imports). A titre de comparaison, en France, le solde positif était « seulement » de 11.8 milliards d’€ (56,1 milliards d’€ contre 44,3 milliards d’€ d’import), cette même année. La puissance exportatrice du Brésil s’affirme notamment sur le marché des céréales. Ainsi, selon de récentes estimations du Ministère de l’Agriculture Brésilien, le pays aurait raflé aux USA la palme de premier producteur et exportateur de soja en 2014… Déjà, en 2011/2012 il était second producteur de complexes soja (graines, huile, et tourteaux destinés à l’alimentation animale). Le Brésil a également considérablement dopé sa production/exportation de maïs ces dernières années. Détenant le 3ème rang mondial en 2011/2012, le pays est souvent proche de la pôle-position, et talonne, encore, les américains qui semblent atteindre leurs limites. Les brésiliens eux, bien que parfois confrontés à des problèmes de transports, semblent disposer encore d’une importante marge de progression.
À suivre !

Zoom sur le blé au Brésil
Les climats brésiliens, notamment le climat tropical, ne sont pas favorables à la pousse du blé. Le Brésil reste donc majoritairement importateur. Toutefois, les recherches récentes ont largement profité à la qualité du blé, comme l’indique Ricardo Pereira, président de SBInternational : « Grâce à d’importantes recherches appliquées aux semences et aux sols, les blés sont plus vitreux avec une augmentation de protéines, soit en quantité, soit en qualité. Bien souvent, il n’est désormais plus nécessaire de les mélanger avec des blés importés pour obtenir la force désirée. »

Respect de l’environnement : peut mieux faire !
Entre 1991 et 2008, les surfaces cultivées ont été multipliées par 1,2 au Brésil. Dans le même temps, le pays augmentait sa production de grains par 2,4. Conséquence, le Brésil est devenu largement excédentaire pour l’alimentaire, à l’exception du blé et des produits laitiers. Ces progrès spectaculaires n’ont malheureusement pas été sans effet sur l’environnement. La déforestation massive, notamment en Amazonie a fait des ravages. Conscient de ce problème, le gouvernement a créé un système d’aires protégées couvrant 50 millions d’hectares amazoniens. Lors de sa présidence, Lula s’est également engagé à diminuer la déforestation de 80% entre 2005 et 2020.

Quelques initiatives privées sont également à souligner, comme le moratoire soja. Certains grands acheteurs de soja se sont en effet interdit volontairement tout achat en provenance des zones déboisées. Autre exemple, le plan ABC (Agriculture Bas Carbone) qui vise à restaurer entre autres les pâturages dégradés, à rétablir le semis direct et à replanter les forêts. Un programme ambitieux, malheureusement sous-utilisé pour le moment.
Autre point sensible, depuis 2005, le Brésil a autorisé la culture des OGM. En 2011/2012, 67% du maïs et 89% du soja produits étaient OGM. Toutefois, une poignée de producteurs font le choix de maintenir une partie de leur production de soja non OGM pour les marchés européens et japonais.
L’agriculture raisonnée, quant à elle, reste pour l’heure très timide comme le souligne Mauricio Sandri directeur général d’Eurogerm Brésil :« Certains gros producteurs s’y essayent mais ils sont encore très peu. Aujourd’hui, les intrants et notamment les engrais restent très utilisés. De même, les produits bio ne sont pas encore très développés. Certes, des magasins bio ouvrent et les consommateurs semblent de plus en plus sensibilisés, mais ils sont encore minoritaires. Au Brésil, un moulin a élaboré une farine bio mais ses ventes sont encore faibles… » .
Les efforts devront être poursuivis.

Habitudes alimentaires : le Brésil urbain ouvert à l’international
Côté alimentation, il y a deux poids, deux mesures que l’on vive d’une zone à l’autre du Brésil. Les brésiliens vivant en milieu rural restent attachés à leurs traditions alimentaires. En revanche, dans les zones urbaines, où vivent la grande majorité des habitants, on est ouvert aux nouvelles tendances. Ricardo Pereira, revient sur ce phénomène : « Dans les grandes et moyennes villes, les consommateurs sont influencés par les tendances low fat, sugar free, gluten free ou light. Par ailleurs, certaines niches de marché se développent actuellement, pour des produits spéciaux fabriqués avec farines complètes ou issues de plusieurs semences ».

Un constat confirmé par Mauricio Sandri qui souligne l’engouement actuel des brésiliens urbains pour le pain complet : « En supermarchés les pains de mie complets occupent 80% des rayons ». Des citadins qui sont également amateurs de pains plus travaillés, plus sophistiqués « En boulangerie artisanale, des pains d’inspiration européenne, comme la baguette française sont très recherchés. Aujourd’hui, les brésiliens voyagent beaucoup et savent ce qu’est une belle baguette qui a du goût, bien croustillante et à la mie bien alvéolée » ajoute-t-il.

Autre tendance marquée, le goût des brésiliens pour les pâtisseries. «  Nous sommes parmi les plus gros consommateurs de biscuits sucrés. La pâtisserie numéro 1 au Brésil reste le panneton, surtout à Noël. Par contre, les ventes de pains au lait ou au chocolat restent faibles » note-t-il. De leur côté, les moulins élaborent eux aussi des préparations plus sophistiquées : « Les moulins proposent par exemple des préparations à ciabatta et encouragent les artisans à utiliser ces produits simples pour se diversifier. »résume-t-il.

 

Le Brésil, un géant dont les prouesses et les habitudes n’ont pas fini de nous surprendre !

Source : Chiffres de 2011/2012, Ministère de l’Agriculture, les Politiques Agricoles à travers le Monde

 

Merci à Mauricio Sandri, directeur général d’Eurogerm et à Ricardo Pereira ingénieur et président de SBInternational pour leur aide précieuse.

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