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Attentes sociétales, les filières céréalières au rendez-vous

Mis à jour le 30/06/2015
29/06/2015
Marianne Roumégoux
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Approvisionnement de proximité, souci de l’environnement,… Près de la moitié des Français indique s’impliquer dans la consommation responsable, selon l’enquête Ethicity publiée le 1er juin (GreenFlex). Les filières céréalières, notamment blé-farine-pain, proposent diverses initiatives qui semblent faire mouche. 

Des réponses multifacettes

Respect’In, Nouvelle agriculture, filière CRC. Trois démarches qui se présentent comme une 3e voie entre le Conventionnel et le Bio. Elles cherchent à répondre aux attentes des consommateurs de pratiques plus respectueuses de l’environnement. C’est déjà ce qu’avait révélé l’enquête consommateurs, commandée par la poignée d’agriculteurs champenois à l’origine de la démarche Respect’In dans les années 2000, avant que le projet ne soit confié à Vivescia pour booster les travaux. Les Français souhaitaient aussi « des preuves au-delà des déclarations d’intention », rapporte le président de Respect’In, Franck Coste. Ainsi la démarche a-t-elle abouti à un cahier des charges de pratiques, du champ à l’usine, et la naissance d’une marque dont l’utilisation est soumise à attestation par un tiers.

 « Les consommateurs veulent des preuves au-delà des déclarations d’intention »

La démarche CRC met, de plus, en avant ses efforts de préservation de la santé avec, par exemple, « une liste restrictive de produits phytos, réévalués selon nos grilles », explique Fouzia Smouhi, présidente du GIE éponyme. Logique puisqu’elle a été initiée par Capserval (89) pour des besoins en Baby Food. Son référentiel, accompagné d’un logo officiel de qualité, a été validé par le ministère de l’Agriculture en 1998. Il en vise toute modification, comme l’ajout de la biodiversité 2012. Proposé à d’autres organismes stockeurs (coopératives et négoces) et à des meuniers, des industriels, des distributeurs et des boulangers, réunis au sein d’un GIE, c’est toute une filière qui a vu le jour dès l’an 2000. 

Terrena a de son côté lancé, fin 2014, sa farine Nouvelle agriculture valorisant sa stratégie d’innovation, comme elle l’a fait sur les filières porcs et lapins. Une démarche issue de l’interrogation, en 2007, de l’ensemble de ses adhérents : « en plein Grenelle de l’environnement, ils souhaitaient des solutions nouvelles pour limiter les apports et traitements phytosanitaires, mais aussi améliorer l’image des agriculteurs », confie Patrick Moron, en charge de la filière céréalière au sein de la coopéreative. Variétés rustiques, pilotage de précision à l’aide des outils d’aides à la décision… Une centaine de producteurs de Mayenne (environ 2.000 ha), livreront dès la moisson prochaine 4 centres de collecte « situés à proximité des exploitations », souligne Marcel Placet, polyculteur-éleveur et président d’Evelia, branche meunerie du groupe, dont il assure par ailleurs la vice-présidence. Les silos approvisionneront le moulin d’Andrezé qui fournira 40 boulangers. « Les agriculteurs ont été formés à jouer les ambassadeurs dans les boulangeries, afin d’engager le dialogue avec le consommateur », complète Marcel Placet. « On sent qu’ils sont rassurés par le fait que les blés soient produits à proximité et par l’idée de faire travailler des producteurs locaux. »

“Un vrai intérêt des Français pour la filière courte”

L’initiative des Robins des champs, marque déposée par 6 agriculteurs du Rhône, répond, elle aussi, à ce souhait. 84% des Français seraient demandeurs de produits de proximité (TNS Sofres, 2013). « Lors des premières présentations en boulangeries, nous avons été surpris par l’esprit critique et l’intérêt des consommateurs pour la filière courte », rapporte Romain Laliche. Depuis la moisson 2012, les blés des producteurs engagés sont ainsi vendus directement à la Minoterie Dupuy Couturier, qui propose leur farine à ses propres clients. Cela permet aussi de « limiter l’effet de la volatilité. Le blé, stocké sur les exploitations, est vendu à un prix fixe pour la campagne. » Mais la motivation est surtout venue de « notre prise de conscience de la nécessité d’aller jusqu’à la valorisation »

Un levier de différenciation qui séduit

La dimension économique n’est pas cachée dans ces démarches : elles constituent un moyen de se démarquer de la concurrence. Et elles trouvent échos sur l’aval: des traditions Robins des Champs sont désormais proposées par près de 50 boulangers et représentent 100 ha. « Si certains en font une spécialité, une dizaine utilisent exclusivement notre farine », se réjouit Romain Laliche, qui projette de décliner la démarche à d’autres cultures. La filière céréalière CRC couvre désormais 36.000 ha avec 1 500 agriculteurs français pour une trentaine de coopératives et négoces, une quarantaine de meuniers, près de 5.000 boulangers, et une vingtaine de distributeurs et industriels. Parmi eux, St Michel, dont tous les produits sous marque nationale valorisent la conformité au référentiel, sans que leur prix de vente n’ait été rehaussé. Les efforts de chacun engendrent évidemment des surcoûts tout au long des différentes filières. Par exemple, « un meunier valorise  les céréales CRC avec une prime fixée à la tonne en plus du positionnement haut de gamme attribué au produit», précise la directrice du GIE Fouzia Smouhi. En bout de chaine, certains préfèrent transformer le surcroît de charges par un gain de réputation. Même constat du côté de Respect’In, dont les céréales, qui font l’objet d’une certification depuis 2013, vont être valorisées en tant que tels auprès d’industriels pour la première fois en 2015/2016.

“Des efforts valorisés parfois uniquement en image de marque”

En brasserie, « les clients nous sollicitent dans une logique globale d’appro durable mais n’afficheront pas la marque », car les consommateurs assimilent peu l’orge à la bière, explique Franck Coste. Avec 200 agriculteurs engagés, Respect’In s’attend à récolter 110.000t de céréales (70 % de blé) en 2015. « Il y a une liste d’attente… A nous de réguler la production selon les demandes. » Et des projets sont en cours pour accueillir d’autres OS. Terrena entend de son côté « doubler le nombre d’artisans partenaires d’ici la fin de l’année »,puis étendre la démarche aux autres départements où elle est implantée.

L’importance du faire savoir

La communication est un élément essentiel au succès de ces initiatives. Le GIE CRC, terme « trop technique et scientifique » a ainsi validé, en 2014, la marque Le Blé de nos Campagnes, qui « interpelle davantage le consommateur ». Autre difficulté résumée par Romain Laliche « il est difficile, pour la vendeuse en boulangerie, à qui l’on confie notre marque, de faire passer des messages en 30 s d’achat. Mieux vaut s’adresser au grand public quand il est disponible et réceptif. » D’où le choix de toutes ces démarches de s’appuyer sur des sites et les vidéos pédagogiques, véhiculant des messages simples. Leur ambition ? Expliquer les différentes pratiques, assurer la transparence et remettre l’agriculteur au cœur de la production !

Voir aussi: AgriEthique, une démarche de développement durable

Des attentes divergentes selon les pays

Retrouvez ce dossier dans son intégralité dans le n°194 de la revue Industries des Céréales.

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